Budapest, jeudi 23 8bre

Nous dormîmes tout le jour. Le 23 octobre est une fête nationale en Hongrie. Depuis quelques années, les manifestants toujours plus nombreux y présentent leurs revendications au gouvernement. Nombre de groupuscules, simples patriotes, partisans, mais aussi quelques nationalistes et néo-nazis, se regroupent pour faire la fête ou la révolution. L’année précédente, les insurgés avaient substitué un char d’assaut, et ils l’avaient tourné contre le parlement. Quel peuple ! Contre la réserve à laquelle on nous invitait, notre curiosité nous empêcha de rester paisiblement au chaud. Nous voulions découvrir les quartiers autour de le l’île Margitsziget.

Nous dînions chez un Turc. À la fin du repas, nous vîmes l’ambiance changer à l’extérieur. La maréchaussée et les soldats travaillaient dur pour retenir les manifestants. En sortant, nous nous rendîmes compte de l’ampleur du mouvement. Les hélicoptères tournaient sur la ville. Des lumières venues du ciel tournoyaient sur nos têtes. Proches de la gare Nyugati, nous dûmes attendre un long temps car la police avait bloqué les avenues pleines d’une foule innombrable. « L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que pas sa propre expérience, ce qui ne s’acquiert d’ordinaire qu’en se heurtant et se froissant douloureusement au milieu de ce qu’on appelle la vie. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et l’ignorance ; car les doctes y sont dans une proportion infiniment minime. » Nous devions passer à notre repaire avant de ressortir. Quel étonnement de voir alors les rues vides. Nous ne rencontrions plus que quelques cloches, deux loubavitchs, et trois nazis qui tournaient encore. « Je vis une douzaine de bigotes surannées faire la grimace. » Enfin, nous partons nous perdre au fond d'un lupanar. Ce cloaque grouillait de Français. Une charmante serveuse sympathisait avec mon acolyte, et un vieux lusitanophile nous conseillait sur nos visites : la rue Raday utca, n'y manquez pas ! Nous verrons demain la suite de cette affaire.


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