Nice, Monaco, Menton & Latte, lundi 6 octobre

 « Nice est le séjour de l’ennui, et les moucherons y ont le tourment des étrangers, car ces insectes les préfèrent aux habitants. » Nous étions donc décidés d’aller au plus vite et de prendre une voiture pour aller le plus loin possible en Italie. Établis au bord de la basse corniche, alors que je demandais des renseignements à une aimable boulangère, mon compagnon reconnut dans un véhicule sa voisine. C’est à elle que nous devons notre premier déplacement. Heureux de cette belle fortune, nous songions déjà à la rapidité de notre premier voyage. Or, plus nous nous approchions des confins du pays français, moins la chance semblait nous sourire. De petites lieues en petites lieues, nous atteignîmes péniblement la frontière italienne.

Menton est une ville à déconseiller à ceux qui partent voyager à la force du pouce. D’une manière générale, il est souvent difficile de passer les frontières usant de ce moyen de transport. Songez que nous étions deux jeunes hirsutes ténébreux et bien chargés. Cette rude équation invite les conducteurs, pas toujours téméraires, à réfléchir à deux fois. « Qui sont ces jeunes gens équivoques, peut-être des contrebandiers ; et nous les aiderions à passer à les douanes ? » Bref, tous nos efforts furent vains. Nous quittâmes cette ville et cette nation en bipèdes. Une belle nuit étoilée tombait sur la mer Méditerranée alors que nous passions la frontière italienne. Déjà satisfaits d’avoir pu changer d’État en si peu de temps, nous nous installâmes à l’orée d’une pinède pour prendre nos forces auprès du fils d’Hypnos.

T.II, p. 650

1 commentaire:

  1. Chers amis aventuriers,
    C'est avec grande joie que je découvre enfin le récit de votre périple. Merci de nous le faire partager! Désormais, tous les soirs, je m'adonnerai au plaisir de vous lire, tel le Roi Shahryar.
    Bien à vous,
    Une amie.

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