San Secondo, Parme & Fidenza, vendredi 10 8bre

Le vendredi, Luca nous fît visiter la faculté, et après avoir fait ce que nous y désirions, nous marchâmes jusqu’au centre de Parme, qui est à trois quarts d’heure de marche. Là, après avoir visité la ville et savouré les notes oniriques d’un accordéoniste d’exception, Luca vînt nous retrouver pour nous mener à la fête de son ami Tullo, lauréat. Il nous invitait tous dans une taverne d’assez bonne chaire. J’étais assis entre mon camarade et un ami homonyme de Luca que nous avions rencontré en d’autres pays, de bonne constitution, entreprenant et très aimable. Alors que mon compère discutait assez facilement, grâce à sa science des langues et son naturel communicatif, je pataugeais dans des jargons sans nom. S’exprimer en français est déjà pour moi une difficulté, alors imaginez-moi manipulant la langue de Dante ! À moins qu’elles ne parlassent français ou espagnol, seules les personnes attentives me prêtaient une oreille, car mon italien est encore plus lacunaire que mon allemand. Luca et la compagnie qui entourait cette belle tablée, aidés par le vin, engageaient des discussions, et peu à peu, permettaient patiemment que je m’exprimasse.

Après avoir soupé allègrement et gouté le bargnolo, liqueur parmesane, je conduisais en capitaine une partie de cette équipe jusqu’à Fidenza, dans un lieu mal fréquenté appelé Bo. L’ambiance latine y était assez folle. La danse animait tous les corps et l'on pouvait y rencontrer des créatures magnifiques ; c’est exactement ce qui occupa le reste de notre nuit, et j’eus la chance de pouvoir servir de cavalier à une frêle Polonaise dont les talents de danseuse en supposaient d’autres. « Il me paraissait impossible qu’après une danse pareille la danseuse pût rien refuser à son danseur, car le fandango doit porter dans tous les sens l’irritation de la volupté. Le plaisir que j’avais à voir cette bacchanale me faisait jeter des cris. ». Après mille extravagances, avant de rentrer, nous nous arrêtâmes en vain sur la place de San Secondo dans l’espoir de pouvoir discuter avec le fou du village. Il y a sur cette place une citerne remarquable et assez haute de la forme d’une girolle, qu’ils nomment en Italie Fongo ; Stéphane donna l’idée à Luca de transformer cet édifice public en un logement privé. Notre Parmesan a depuis lors rassemblé ses efforts d’ingénieur à accomplir cette une opération.


T.II, p. 622

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