Vienne, jeudi 16 octobre

Le jeudi, nous visitions superficiellement la ville, puis l’université et la bibliothèque où nous avions des recherches à faire. Puis, de retour, nous préparâmes une soirée photographique originale. J'allais y jouer la muse. Une peinture m’interpelait dans la chambre de Julia. C’était un personnage nu, de dos, dont le buste était peint d’une telle manière qu’il était difficile de savoir si c’était un homme ou une femme. Mon esprit réussit à discerner une similitude entre sa morphologie et la mienne. De plus, la coupe de ses cheveux ressemblait à la mienne. Je prends la même pose… il n’en fallait pas plus pour que nos photographes, j’entends mon camarade et Marlene, ne dégainassent. C’est le jour où l’appareil ressuscita. S'il avait pu attendre quarante jour pour monter aux cieux  non, le soir même, le malheureux nous abandonnait. L’espoir nous a fait croire plusieurs jours encore en de nouveaux signes de vie. La séance, donc, avait commencée devant le tableau. Elle s’enhardit au fil des prises de vue, et changea notablement de ton. « Nous passâmes une nuit plus facile à deviner, à sentir, qu’à décrire, et nous fûmes également heureux de nos jouissances et de notre bonheur réciproque. » Nous rîmes toute la soirée, surtout lorsque Julia, l’auteur de la toile androgyne, nous avoua furibonde que le modèle original appartenait au beau sexe. Nous ne savions plus lequel, du tableau où de moi, transformait l’autre.



T.III p. 40

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